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Zoom sur l’aspiration trachéale en pneumologie

Published on Avril 17, 2025

6 minutes

L’aspiration est une technique utilisée pour évacuer les liquides et les sécrétions qui s’accumulent anormalement dans certaines zones du corps1. En pneumologie, l’aspiration trachéale est indispensable pour désencombrer les voies aériennes des patients. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ce geste vital pour de nombreux patients avec des difficultés respiratoires9.

Ca m'intéresse

L’aspiration en pneumologie : de quoi s’agit-il ?

Les principes de l’aspiration médicale

L’aspiration médicale permet d’aspirer les mucosités et autres sécrétions présentes dans les voies respiratoires. Selon les techniques et l’endroit précis où est effectuée l’aspiration, on distingue plusieurs formes d’aspiration : 

  • L’aspiration buccale consiste à libérer la cavité buccale de sécrétions buccales ou des vomissements à l’aide d’une sonde adaptée ou d’une canule d’aspiration ;
  • L’aspiration rhino-pharyngée permet de libérer les voies aériennes supérieures des sécrétions qui les encombrent, grâce à une sonde d’aspiration à usage unique ; 
  • L’aspiration endotrachéale a pour objectif d’évacuer les sécrétions bronchiques chez les patients intubés ou trachéotomisés ;
  • L’aspiration trachéo-bronchique permet de dégager les voies respiratoires basses en cas d’encombrement trachéo-bronchique. 

L’aspiration trachéale en pneumologie regroupe les deux dernières techniques, à savoir l’aspiration endotrachéale et l’aspiration trachéo-bronchique2.

Dans quels contextes réaliser une aspiration en pneumologie ?

Libérer les voies respiratoires des sécrétions et mucosités qui les encombrent, c’est l’objectif des deux techniques d’aspiration en pneumologie. Le patient peut mieux respirer. Ce geste est donc vital pour eux1,2!

L’aspiration endotrachéale s’adresse aux patients intubés (sous respirateur artificiel) ou trachéotomisés. Elle est indiquée lorsque le patient présente des signes d’encombrement bronchique : toux, présence de sécrétions dans la sonde, bruits respiratoires lors de l’auscultation, élévation de la fréquence cardiaque ou de la tension artérielle, baisse de la saturation en oxygène, altération des paramètres du ventilateur, …)3.

L’aspiration trachéo-bronchique s’adresse à des patients qui se trouvent dans l’une des situations suivantes : 

  • Un encombrement trachéo-bronchique : par exemple chez un nouveau-né, il faut parfois aspirer  des mucosités qui l’empêchent de respirer normalement ;
  • Une broncho-aspiration dans le cadre d’une bronchoscopie 
  • Une toux inefficace pour désencombrer les voies respiratoires, notamment chez les personnes très âgées dont le réflexe de toux peut être insuffisant ; 

La prévention de certaines complications pulmonaires chez les patients atteints de maladies pulmonaires chroniques, comme la mucoviscidose* ou la BronchoPneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)4,5.

Quelles sont les alternatives à l’aspiration ? 

L’aspiration endotrachéale est une technique incontournable pour les patients intubés ou trachéotomisés. Le médecin adapte la fréquence de l’aspiration au niveau d’encombrement bronchique. L’aspiration est capitale pour assurer des voies respiratoires dégagées en permanence et donc la respiration du patient3.

Dans le cas de l’aspiration trachéo-bronchique, d’autres méthodes, alternatives et/ou complémentaires sont disponibles : 

  • Des techniques de respiration contrôlée où le patient peut apprendre à contrôler sa respiration en fonction de l’encombrement6.
  • La kinésithérapie respiratoire désigne des manœuvres, effectuées par le masseur kinésithérapeute, pour augmenter la mobilisation et l’élimination des sécrétions présentes dans les voies respiratoires. Elle aide le patient à expectorer ses sécrétions6.
  • Le recours à certains dispositifs médicaux, spécifiquement développés pour faciliter l’élimination des sécrétions bronchiques6.
  • L’administration par voie orale de fluidifiants bronchiques, également appelés des mucolytiques. Ces médicaments peuvent diminuer la viscosité des sécrétions bronchiques, facilitant leur expectoration par le patient7.

L’équipe médicale choisit l’une ou les techniques les plus adaptées en fonction de chaque patient.

Quels sont les patients concernés ? Dans quelles pathologies ?

L’aspiration en pneumologie peut s’adresser à des patients de tous âges, du nourrisson au sujet âgé. Elle s’adresse plus particulièrement à certaines catégories de patients : 

Comment se déroule une aspiration en pneumologie ?

L’aspiration en pneumologie est un geste médical, qui ne peut être pratiqué que par des professionnels formés (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes). L’équipe médicale définit la fréquence et la durée de l’aspiration en fonction du patient et de la situation clinique. L’aspiration doit s’effectuer selon des règles d’asepsie (ensemble de mesures visant à éviter la contamination des voies aériennes par un agent microbien) spécifiques pour  limiter le risque infectieux3,4.

Les appareils utilisés 

La technique d’aspiration repose sur la création d’un vide. Pour réaliser une technique d’aspiration en pneumologie, les professionnels doivent utiliser un système d’aspiration fonctionnel, propre et préalablement testé3.

Dans les établissements de santé, un réseau dédié de vide dessert tous les services et se termine de prises murales dans les chambres des patients, dans les blocs opératoires et dans les salles de soins. Vous en avez certainement déjà vu dans les chambres d’hôpital, où elles sont reconnaissables par leur couleur jaune1.

Les professionnels branchent sur les prises murales plusieurs dispositifs : 

  • Des régulateurs de vide qui permettent d’ajuster l’aspiration médicale, en fonction de la technique choisie et du niveau de dépression souhaité1 ;
  • Un dispositif médical pour éviter l’obstruction et la contamination du branchement1
  • Un filtre antibactérien et antiviral à usage unique1.
  • Une sonde d’aspiration, sorte de petit tuyau en plastique souple, à usage unique3,4
Et après ?

La technique d’aspiration

La sonde, branchée sur le dispositif de vide, est introduite dans la trachée par le nez ou la bouche dans le cas de l’aspiration trachéo-bronchique, tandis qu’elle est insérée directement dans le tube qui mène à la trachée ou la trachéostomie dans le cas de l’aspiration endotrachéale9.

Une lubrification préalable de la sonde peut faciliter son introduction dans les voies respiratoires9. Grâce au vide, le mucus ou les sécrétions sont aspirées par la sonde, puis éliminées. Une fois l’aspiration terminée, la sonde est extraite des voies respiratoires.

 

Quels sont les risques associés à l’aspiration trachéale en pneumologie ?

L’aspiration endotrachéale et l’aspiration trachéo-bronchique sont des gestes invasifs, inconfortables, voire douloureux pour le patient3,4.

Elles peuvent entraîner des complications rares, mais graves, telles que : 

  • Un risque d’infection, si un agent microbien est introduit dans les voies respiratoires au moment du passage de la sonde ;
  • Une lésions ou une hémorragie des voies respiratoires, si la sonde blesse les parois des voies respiratoires ;
  • Des vomissements, déclenchés par le passage de la sonde ;
  • Des troubles respiratoires et/ou cardiovasculaires3,4.

Pour réduire les risques de complications, il est important que l’aspiration soit réalisée par du personnel formé et avec du matériel adapté1,3,4.

FAQ

Trachéostomie ou trachéotomie, quelle différence ?

La trachéotomie correspond à une ouverture de la trachée. Le larynx reste en place au moins partiellement. La trachéostomie est une ablation de la totalité du larynx avec un abouchement définitif de la trachée à la peau.

Qu’est-ce qu’une bronchoscopie ?

La bronchoscopie, encore appelée l’endoscopie endobronchique, est un examen médical permettant de visualiser le larynx et les voies respiratoires (trachée, bronches) à l’aide d’une sonde spécifique, le bronchoscope. C’est un examen utilisé pour enlever des corps étrangers présents dans les voies respiratoires (par exemple inhalés par de jeunes enfants), mais aussi nécessaire pour le diagnostic du cancer du poumon.

Qu’est-ce que la mucoviscidose ?

La mucoviscidose est une maladie génétique héréditaire, qui se caractérise par l’épaississement des sécrétions de différents organes, dont les poumons et le pancréas. Les organes touchés ne peuvent plus fonctionner normalement, ce qui conduit aux symptômes de la maladie.

Qu’est-ce que la BPCO ou BronchoPneumopathie Chronique Obstructive ?

La BPCO est une maladie respiratoire chronique, marquée par une inflammation des voies aériennes, associée à un épaississement de la parois des bronches et des bronchioles et à une sécrétion excessive de sécrétions bronchiques. A noter que 80 % des BPCO sont attribuables au tabagisme, qu’il soit actif ou passif.

Références
1Air Liquide Healthcare. Aspiration médicale. Consulté le 23 janvier 2025.
2Centre hospitalier vaudois. Aspiration buccale et rhino-pharyngée. 14 août 2017.
3David Huard. Aspiration endotrachéale.SRLF.2020.
4Hôpitaux Universitaires de Genève. Hôpitaux Universitaires de Genève. Technique clinique d’aspiration trachéo-bronchique. 2024.
5Manuel MSD. Bronchoscopie. Novembre 2023.
6Manuel MSD. Kinésithérapie respiratoire. Mars 2024.
7VIDAL. Les médicaments de la toux. 28 octobre 2024.
8CPIAS. Dr. M. Nyunga. Les techniques d’aspiration. Consulté le 23 janvier 2025.
9Manuel MSD. Aspiration. Novembre 2023.

Estelle Deniaud Bouët

Docteure en biochimie et docteure en pharmacie